Autoroutes : le gouvernement continue de ne pas vouloir renationaliser

Le gouvernement prépare une révision du modèle des autoroutes en France. Plusieurs axes de réforme ont été évoqués par le ministre des Transports Philippe Tabarot, notamment sur les tarifs, les concessions et la répartition des recettes des péages.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 4 juin 2025 15h59
autoroutes-le-gouvernement-pas-renationaliser
autoroutes-le-gouvernement-pas-renationaliser - © Economie Matin
13 milliards d’eurosAujourd’hui, le chiffre d’affaires annuel des concessions autoroutières s’élève à environ 13 milliards d’euros.

Le 3 juin 2025, le ministre des Transports Philippe Tabarot a livré sur Public Sénat les grandes lignes de son projet de réforme pour l’avenir du réseau autoroutier français. L’État entend reprendre la main, mais sans la nationalisation que d’aucuns réclamaient.

Autoroute : vers un encadrement strict des tarifs de péage

« Je pense que la meilleure formule c’est d’encadrer le prix des péages, mais quand on utilise une autoroute on doit contribuer à son entretien », a déclaré Philippe Tabarot sur Public Sénat. En quelques mots, tout est dit : les temps des superprofits autoroutiers touche à sa fin. Pas de retour à la gestion directe par l'État, mais une reprise en main ferme sur les conditions d’exploitation.

Aujourd’hui, le chiffre d’affaires annuel des concessions autoroutières s’élève à environ 13 milliards d’euros, généré principalement par les sociétés Vinci, Eiffage et Abertis. Des montants que le gouvernement juge suffisamment importants pour mériter d’être redirigés, partiellement du moins, vers des missions d’intérêt général. Le ministre l’assure : « Il faut faire payer le juste prix ».

Autoroute : fin des superprofits, réaffectation des bénéfices

Le ministre n’entend pas faire du réseau routier une pompe à dividendes éternelle. Son objectif est clair : transformer les autoroutes en leviers de financement pour d’autres infrastructures. « Le bénéfice des péages doit aller sur la décarbonation des autoroutes, sur les routes nationales et sur le réseau ferroviaire ». La stratégie est ambitieuse. Il s’agit non seulement de maintenir en état un patrimoine lourdement sollicité, mais aussi d’investir dans un modèle de mobilité plus durable.

Tabarot s’oppose donc à une nationalisation pure et simple, prenant en contre-exemple l’Espagne, qui a supprimé les péages depuis 2018, mais qui « n’arrive plus à financer leur entretien ». En France, les concessions ont parfois duré jusqu’à 75 ans. À l’avenir, elles seront plus courtes et encadrées de manière beaucoup plus stricte.

Autoroute : un calendrier sous surveillance jusqu’en 2036

Les échéances approchent. D’ici 2036, plusieurs contrats de concession arriveront à terme. Parmi eux, celui de la Sanef en décembre 2031 et celui d’Escota (Vinci Autoroutes) le 29 février 2032. D’ici là, « on notifie aux sociétés d'autoroutes les travaux qui restent à faire afin qu'ils tiennent leurs engagements », a précisé Philippe Tabarot.

La logique est implacable : pas question de laisser les sociétés remettre les clefs sans garantir que les infrastructures soient dans un état irréprochable. Le ministre est catégorique : « Les sociétés concessionnaires doivent restituer ces infrastructures en parfait état. C’est le patrimoine des Français qui est concerné ».

Autoroute : un basculement politique assumé

Derrière cette réforme, c’est une nouvelle doctrine de gestion publique qui se dessine. Tabarot l’affirme : « C’est le retour de l’État au cœur de la gestion des autoroutes ». Dans cette dynamique, l’ensemble du gouvernement est mobilisé dans le cadre des conférences « Ambitions France Transports ». Objectif : concevoir un système de financement robuste et pérenne, tout en respectant les contraintes budgétaires de la France.

Le message est double : assainir les finances sans saborder les services, et réinvestir là où l’État avait, depuis des années, cédé du terrain.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

1 comment on «Autoroutes : le gouvernement continue de ne pas vouloir renationaliser»

  • jeloag

    Quelle autorité, ils ont dû trembler !!

    Répondre
Leave a comment

* Required fields