Chauffage : ce que les Français ignorent encore

Tout le monde pense savoir quel mode de chauffage convient à son logement et ses habitudes. Et pourtant, une récente enquête nationale démontre que les Français, malgré une volonté affichée de faire mieux, se heurtent à une réalité qu’ils connaissent mal.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 3 juin 2025 11h51
Chauffage 1
Chauffage : ce que les Français ignorent encore - © Economie Matin
41 %41% des ménages se chauffent au fioul, l'un des modes de chauffage les plus polluants

A l’occasion de la prochaine Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin, un sondage commandé par le fabricant alsacien Rothelec auprès de 2 101 Français a mis en lumière un paradoxe frappant : en matière de chauffage, les intentions sont souvent bonnes, mais les connaissances techniques restent faibles. Alors que la consommation d’énergie liée au chauffage représente une part importante du budget domestique, nombre de foyers continuent de faire des choix contre-productifs, voire écologiquement nuisibles.

Le chauffage : une nécessité économique plus qu’un choix écologique

Premier enseignement : pour 55 % des Français, faire des économies de chauffage est avant tout une affaire de portefeuille. Seuls 24 % considèrent ce geste comme un « acte militant pour la planète », selon les résultats du sondage Rothelec publié le 3 juin 2025. Pourtant, ils sont 83 % à se déclarer prêts à adapter leurs habitudes pour des raisons écologiques, dont 39 % « sans réserve ».

Ce décalage illustre bien une tension : la conscience environnementale progresse, mais les arbitrages restent dictés par le contexte économique. Pour qu'il accepte de sauver la planète, le Français doit en avoir pour son argent. Les solutions écologiques doivent donc impérativement être bon marché, et intéressantes sur le long terme.

Gaz, bois, fioul : le match faussé des idées reçues

À la question : « Quel système est le plus respectueux de l’environnement ? », les réponses révèlent une confusion généralisée. Si 40 % citent la pompe à chaleur, 25 % le solaire et 20 % l’électricité, les données scientifiques racontent une autre histoire.

Le fioul, toujours utilisé par 41 % des ménages, génère 324 gCO₂/kWh, soit l’un des taux les plus élevés parmi les énergies domestiques. Le gaz suit avec 227 gCO₂/kWh. En comparaison, l’électricité française (déjà largement décarbonée grâce au nucléaire et à l’hydraulique) émet en moyenne 147 gCO₂/kWh, tandis que le bois, souvent perçu comme « naturel », ne rejette que 30 gCO₂/kWh… mais il pollue l’air avec des particules fines, en particulier dans les zones mal ventilées.

Autrement dit : oui, le bois est sobre en carbone, mais pas toujours propre à respirer. Et non, le gaz n’est pas si vert qu’il y paraît.

Des gestes louables, mais une connaissance lacunaire

Selon l’étude, 44 % des Français envisagent de changer leur mode de chauffage dans un objectif écologique. Mais seulement 22 % l’ont déjà fait. Pourquoi ? Parce que derrière la bonne volonté, beaucoup ignorent les implications techniques ou financières de ces transformations.

Près de 80 % des sondés se disent prêts à investir dans un équipement Made in France et écologique. Parmi eux, 45 % le feraient « dans une certaine limite de prix » et 35 % « sans hésiter ». Pourtant, 15 % affirment que le prix reste le critère principal.

Autre chiffre révélateur : 50 % des Français jugent essentiel que leur radiateur soit fabriqué localement. Mais dans les faits, la majorité ignore encore les critères essentiels de performance environnementale : 80 % privilégient la « consommation réduite », 60 % la programmation intelligente, et 45 % la recyclabilité des matériaux – signe que l’attention portée à l’impact global du produit progresse, mais reste partielle.

Un système encore dominé par le fossile

En 2025, les modes de chauffage restent encore marqués par l’inertie du passé. Malgré la progression de l’électrique (38 %), les systèmes au gaz ou fioul dominent (41 %), même si cette part diminue légèrement (45,4 % en 2020 selon l’enquête logement du SDES).

Les pompes à chaleur, pourtant perçues comme le summum de l’efficacité, ne représentent que 9 % des usages. Le bois ou les granulés atteignent 11 %, tandis que le solaire reste marginal (1 % seulement).

Autant dire que la transition vers des solutions durables est encore timide, freinée par des investissements lourds, un manque de pédagogie publique, et des habitudes bien ancrées.

Changer de chauffage, ce n’est pas simplement acheter un nouvel appareil. C’est un arbitrage complexe entre coût, confort, réglementation, empreinte carbone et efficacité réelle. Or, les Français sont encore nombreux à se fier à leur intuition ou à des idées fausses.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

No comment on «Chauffage : ce que les Français ignorent encore»

Leave a comment

* Required fields