Les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 des niveaux inédits depuis la chute du mur de Berlin. Le dernier rapport du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), publié le 28 avril 2025, révèle une accélération spectaculaire des budgets de défense. Derrière ces chiffres, un message inquiétant : l’heure est à la préparation aux confrontations.
2 718 milliards de dollars pour la Défense : le monde s’arme comme jamais
En 2024, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 2 718 milliards de dollars (environ 2 540 milliards d’euros), en hausse de 9,4 % par rapport à 2023. Cette augmentation représente la plus forte progression annuelle depuis la fin de la Guerre froide, selon le SIPRI.
Défense : Une flambée historique des dépenses militaires mondiales
Plus de 100 pays ont accru leurs budgets militaires. Xiao Liang, chercheur du SIPRI, avertit dans un communiqué officiel : « Plus de 100 pays à travers le monde ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Alors que les gouvernements donnent de plus en plus la priorité à la sécurité militaire, souvent au détriment d'autres secteurs budgétaires, les compromis économiques et sociaux pourraient avoir des effets significatifs sur les sociétés pendant des années. »
Les États-Unis conservent leur place dominante avec 997 milliards de dollars (+5,7 %), soit 37 % du total mondial. Derrière eux, la Chine suit avec 314 milliards de dollars (+7 %), tandis que la Russie grimpe à 149 milliards de dollars, affichant une hausse de 38 % malgré un environnement économique asphyxié par les sanctions.
L’Europe réarme massivement, mais reste sous influence
En Europe, l’ère de la déflation militaire est bel et bien révolue. Le rapport du SIPRI indique que les dépenses militaires européennes ont bondi de 17 % en 2024, atteignant 693 milliards de dollars, dont 370 milliards pour l'Union européenne.
L’écart avec Moscou devient abyssal : les 27 consacrent 2,5 fois plus que la Russie à leur défense. Pourtant, Lorenzo Scarazzato, analyste du SIPRI, met en garde : « Pour la première fois depuis la réunification, l'Allemagne est devenue le plus grand dépensier militaire d'Europe occidentale. ». Et Jade Guiberteau Ricard, chercheuse au SIPRI, de préciser : « Augmenter les dépenses ne se traduira pas nécessairement par des capacités militaires significativement accrues ou par une indépendance vis-à-vis des États-Unis. »
De fait, 64 % des importations d’armement des pays européens de l’OTAN entre 2020 et 2024 proviennent des États-Unis.
Une poudrière mondiale : Russie, Asie, Moyen-Orient s'arment à leur tour
Sur fond de conflit en Ukraine, la Russie a augmenté ses dépenses militaires de 38 % en 2024. Diego Lopes da Silva du SIPRI alerte : « La Russie a de nouveau augmenté significativement ses dépenses militaires, élargissant l'écart de dépenses avec l'Ukraine. » En Asie, l'engrenage de l'armement ne faiblit pas. Selon Nan Tian du SIPRI : « Ces investissements risquent de plonger la région dans une spirale dangereuse de course aux armements. »
Au Moyen-Orient, Israël a vu ses dépenses bondir de 65 %, atteignant 46,5 milliards de dollars, conséquence directe de son implication militaire régionale.
Défense : top 10 des pays en termes de dépenses militaires en 2024
Voici les dix premiers pays en matière de dépenses militaires en 2024, avec leur évolution :
- États-Unis : 997 milliards de dollars (+5,7 %)
- Chine : 314 milliards de dollars (+7 %)
- Russie : 149 milliards de dollars (+38 %)
- Allemagne : 88,5 milliards de dollars (+28 %)
- Inde : 83,6 milliards de dollars (+4,3 %)
- Arabie Saoudite : 75 milliards de dollars (+4,5 %)
- Royaume-Uni : 74,9 milliards de dollars (+7,2 %)
- Japon : 55,3 milliards de dollars (+21 %)
- France : 64,7 milliards de dollars (+6,1 %)
- Corée du Sud : 50,2 milliards de dollars (+6 %)
Ce classement illustre une fracture de plus en plus nette entre les grandes puissances et le reste du monde, cristallisant une compétition sécuritaire globale.
En 2024, la planète a davantage investi dans ses canons que dans son avenir social ou climatique. Derrière les discours sur la « sécurité nécessaire », le risque est grand de voir ressurgir les anciens démons d’une guerre froide qui n’a jamais vraiment disparu. L’histoire l’enseigne : dans la surenchère, il n’y a jamais de gagnants, seulement des ruines.