La dette de la France inquiète les marchés. Le gouvernement va tenter de trouver 40 milliards d’euros d’économies pour la réduire. Les finances publiques sont dans le rouge vif ! À tel point que certains redoutent une mise sous tutelle du Fonds monétaire international (FMI). Mais est-ce vraiment possible ?
Dette : la France peut-elle être mise sous tutelle du FMI ?

La France et sa dette, un fardeau
Face à la dette abyssale, le gouvernement commence à agiter un nouveau chiffon rouge : la mise sous tutelle de la France par le FMI. Loin de se limiter à une simple dérive budgétaire, le sujet a été dramatisé jusqu’à évoquer ce spectre rarement accolé à un pays du G7. Avec une dette dépassant les 3 300 milliards d’euros, soit près de 113 % du produit intérieur brut, la France est entrée dans une zone de turbulences budgétaires inédite. Le signal d’alarme ne vient plus seulement de Bruxelles, mais bien de Paris même. Le 30 mai 2025, l’agence Standard & Poor’s a maintenu la note française à AA−, mais en l’assortissant d’une perspective négative. Un avertissement sans frais, pour l’instant.
Les chiffres sont brutaux. Le seul service de la dette atteindra 67 milliards d’euros en 2025, dépassant presque le budget de l’Éducation nationale (88 milliards) et celui de la Défense (59 milliards). « Notre pays perd en souveraineté, en indépendance », s’est inquiété Éric Lombard, ministre de l’Économie, ajoutant que « le risque d’une mise sous tutelle par nos créanciers et le FMI n’est plus exclu ».
Amélie de Montchalin a prévenu : « Il y a un risque de tutelle des institutions internationales, des institutions européennes, de nos créanciers. » Plus radicale encore, elle déclarait dans le JDD que « si nous ne faisons pas ces choix maintenant, ce seront nos créanciers ou le FMI qui nous les imposeront ».
Un scénario peu probable
Mais pour les économistes, la mise sous tutelle est aujourd’hui improbable. « On n’en est pas là », tranche Pierre Jaillet, économiste à l’Institut Jacques Delors. La réalité financière ne suffit pas, à elle seule, à déclencher l’intervention du FMI, qui ne s’active que dans des cas de défaut ou de paralysie des marchés financiers.
Et surtout, l’Union européenne dispose de ses propres outils. Le Mécanisme européen de stabilité (MES) peut venir en aide à un État membre en difficulté, à condition qu’il s’engage dans un plan d’ajustement. « Ce n’est pas un mécanisme qui distribue de l’argent sans condition », rappelle Pierre Jaillet. Quant à la Banque centrale européenne (BCE), elle peut intervenir pour contenir une envolée des taux, mais uniquement si les règles budgétaires européennes sont respectées. Ce qui, en l’état, n’est pas le cas de la France.
Le gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économies pour 2026. En l’absence de majorité stable, chaque mesure risque de se heurter à des oppositions. Un scénario de crise, même improbable, peut donc servir de levier pour justifier des coupes sévères. Une stratégie politique, en somme. Mais le sujet va encore occuper une bonne partie de l’actualité dans les prochaines semaines.