Alors que la promesse des vacances se profile à l’horizon, une question simple devient cruciale : dans quelle eau allez-vous plonger cet été ? Sous le vernis bleu des brochures touristiques, les eaux de baignade françaises ne se valent pas toutes. Pollution invisible, surveillance partielle, classements maquillés… Une nouvelle cartographie révèle ce que les panneaux municipaux préfèrent taire.
Classement été 2025 : les plages à fuir (et celles à privilégier)

Des chiffres en chute libre : quand l'été tourne à la douche froide
Le 21 mai 2025, l’association Eau & Rivières de Bretagne a publié la mise à jour annuelle de son classement indépendant « La Belle Plage », fondé sur l’analyse rigoureuse de 1 858 sites de baignade en France. Les résultats ? Moins reluisants que l’on pourrait l’espérer.
Sur ces plages :
- 593 sont classées “Recommandé”, soit 31,98 %, une baisse notable par rapport à 2024.
- 814 sont “Peu risqué” (43,91 %),
- 364 “Déconseillé” (19,63 %),
- et 83 sont tout simplement “À éviter” (4,48 %).
En résumé, une plage sur quatre présente un niveau de pollution préoccupant. Et contrairement à ce que certains maires ou offices de tourisme aimeraient faire croire, la situation empire : en 2024, 77,94 % des plages étaient considérées sûres, contre seulement 75,89 % cette année. Pourquoi cette régression ? L’été 2024 a été marqué par de fortes précipitations, responsables d’un lessivage massif des bassins agricoles, d’un débordement des réseaux d’assainissement et, in fine, d’une contamination bactériologique accrue.
La méthode officielle ? Un leurre pour baigneurs mal informés
À ce stade, il est essentiel de comprendre comment ces classements sont établis – ou parfois, manipulés. Les Agences régionales de santé (ARS) effectuent entre 4 et 14 prélèvements par été, entre juin et septembre. Officiellement, ces données alimentent une grille européenne — « Excellent », « Bon », « Suffisant », « Insuffisant ». Mais cette notation lissée masque les pics de contamination. « Ce classement ne reflète pas la réalité des risques sanitaires », martèle Eau & Rivières de Bretagne dans son rapport.
C’est pour combler ce flou volontaire qu’est née La Belle Plage. Basée sur les mêmes prélèvements que les ARS, cette notation indépendante reclasse chaque plage selon un barème plus strict : 95 % de prélèvements “bons” sur quatre ans pour obtenir le statut “Recommandé”, et aucune tolérance pour les résultats “mauvais”. Un critère d’autant plus significatif que 67 % des prélèvements français en 2024 étaient totalement exempts de contamination — preuve que l’exigence n’est pas utopique.
Gironde : un bastion d’eau claire… avec ses failles
Il y a tout de même des raisons d’espérer. La Gironde domine le classement national de 2025, avec six plages parmi les dix mieux notées de France, selon l’étude de l'association Eau et Rivières de Bretagne révélée par actu.fr. En tête : Lacanau et ses plages Sud et Supersud, respectivement première et deuxième au niveau national. Le Cap Ferret suit de près avec les plages de l’Horizon et de la Garonne. Le Porge complète ce palmarès d’excellence, grâce à La Jenny et Le Gressier.
Mais tout n’est pas si limpide, même sur ces rivages. À quelques kilomètres, la plage de La Hume fait figure de contre-exemple en étant classée “à éviter”. Une alerte locale, mais significative, sur l’hétérogénéité des situations même au sein d’un département exemplaire.
Quand les administrations ferment les yeux (et les plages)
Si ce classement fait grincer des dents, c’est qu’il éclaire une réalité longtemps occultée : la gestion opaque de la qualité des eaux. Dès 2023, une enquête citoyenne menée par l’association a révélé un scandale sanitaire. Des plages maintenues ouvertes malgré une interdiction administrative, des prélèvements non publiés ou mis à jour tardivement, des panneaux d’information absents ou volontairement discrets…
« L’information des usagers est parfois inexistante, trop souvent peu visible et n’est jamais transparente », dénonce Eau & Rivières de Bretagne dans son rapport 2025.
Le tribunal administratif de Bretagne a même condamné l’ARS pour sa gestion défaillante de l’information sanitaire. Une décision inédite, mais encore loin de bouleverser les pratiques. Car derrière les chiffres se cache un enjeu économique majeur : fermer une plage en plein été, c’est briser une manne touristique. Alors, certains préfèrent détourner les yeux – et les données.