La Commission européenne dévoilera le 19 mars 2025 son livre blanc sur la Défense, un document clef pour orienter la relance de l’industrie militaire en Europe. Plusieurs propositions y figurent, notamment le financement commun des achats militaires et la mise en place de mécanismes européens pour renforcer l’autonomie stratégique du continent.
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Défense européenne : un financement controversé et une préférence européenne en question
Le livre blanc sur la Défense, que la Commission européenne dévoilera le 19 mars 2025, arrive dans un contexte de grande incertitude géopolitique. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, présentera des propositions visant à injecter jusqu’à 800 milliards d’euros dans le secteur de la Défense au cours des quatre prochaines années. Parmi les mesures annoncées, il y aura un mécanisme européen de ventes militaires et la création d’une task force commune avec l’Ukraine.
Cependant, ces propositions, notamment en matière de financement, n’ont pas convaincu tout le monde. De nombreux États membres, ainsi que des parlementaires européens, critiquent le manque d’ambition du texte et l’absence de nouveaux instruments financiers, tels que les euro-obligations fléchées vers la Défense. Cette absence de clarté sur les mécanismes de financement est un point sensible, alors que certains États, comme la France, plaident pour une coordination accrue des efforts financiers européens dans ce domaine.
Siegfried Muresan, co-rapporteur du Parlement européen sur le nouveau budget post-2028, a exprimé des réserves, rappelant que le remboursement des emprunts contractés pour le plan de relance post-Covid reste à ce jour non résolu. Tant que cette question ne sera pas réglée, l’idée de nouveaux emprunts pour financer des projets de Défense demeure incertaine.
Renforcer la Défense européenne : entre coordination et défis industriels
L’un des enjeux majeurs du livre blanc réside dans la mise en place d’un mécanisme commun d’achat de matériels militaires. La Commission propose d’agir en tant que centrale d’achat pour obtenir de meilleurs prix, mais cette idée se heurte à des réticences. Paris estime que ce rôle devrait revenir à l’Agence européenne de Défense, déjà mandatée pour cette mission.
D’autre part, Ursula von der Leyen a insisté sur l’importance d’accélérer l’intégration de l’Ukraine dans le marché européen des équipements de Défense. Elle voit dans l’expérience ukrainienne un modèle pour la relance industrielle en Europe, tout en soulignant la fragmentation du marché européen. Aujourd'hui, une grande partie des investissements en matière de Défense quitte l'Europe, ce qui freine le développement d’une base industrielle forte sur le continent. Pour remédier à cela, la Commission envisage d’instaurer des commandes pluriannuelles afin de stimuler la production et les capacités des entreprises européennes spécialisées dans la Défense.
Le livre blanc prévoit aussi de soutenir les secteurs jugés prioritaires, tels que la Défense aérienne et antimissile, les munitions, les drones ou encore la mobilité militaire. Mais comme l’a rappelé la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, « financer n'est qu'un premier pas ; la vraie épreuve consistera à transformer ces investissements en actions concrètes ».