Un conflit autour du Groenland pourrait déclencher une onde de choc sur l’économie française. Ce bras de fer géopolitique, relancé par les ambitions impérialistes de Donald Trump, pose désormais une question cruciale : la France peut-elle se permettre une opposition frontale sans en payer le prix économique ?
Groenland : quel impact économique si la France s’oppose à Donald Trump ?

Le 15 juin 2025, Emmanuel Macron s’est rendu au Groenland, marquant un appui symbolique de l’Union européenne à ce territoire danois menacé d’annexion par les États-Unis. Ce geste diplomatique intervient alors que Donald Trump a réactivé son projet d’annexion du Groenland, ravivant les tensions internationales. Mais au-delà des enjeux géostratégiques, l’affrontement soulève une interrogation économique majeure.
Ressources stratégiques : métaux rares et routes maritimes sous tension
Le Groenland recèle de gisements cruciaux de terres rares, lithium, zinc ou nickel, indispensables à l’industrie européenne. Si Washington accédait unilatéralement à ces ressources, la dépendance de l’Union européenne s’aggraverait, menaçant des secteurs clés comme les batteries, l’aéronautique ou l’armement.
Croissance & Investissement souligne les conséquences géoéconomiques d’une annexion : perte d’influence sur les routes de l’Arctique, affaiblissement du pouvoir de négociation européen et déséquilibre énergétique à moyen terme.
Commerce transatlantique en péril
Un bras de fer avec les États-Unis gèlerait toute avancée dans les relations économiques bilatérales. Il faut s’attendre à des rétorsions douanières, à la suspension de négociations sur l’accès au marché, et à une montée du protectionnisme sur des produits français de première ligne : aéronautique, vins et produits agricoles, santé.
Dans un scénario de confrontation prolongée, La Dépêche évoque même la possibilité d’un découplage financier temporaire entre les deux rives de l’Atlantique. Les entreprises françaises, particulièrement exposées sur le marché américain, seraient immédiatement touchées.
Les sanctions croisées : une spirale à hauts risques
Selon l’enquête Ifop pour NYC.eu, 44 % des Français jugent légitime une intervention militaire pour contrer l’annexion du Groenland par les États-Unis. Une posture offensive qui obligerait l’exécutif à envisager des sanctions ou des contre-mesures diplomatiques.
Ces réponses politiques entraîneraient des ripostes économiques américaines : gel de coopérations industrielles, suspension d’accords technologiques, voire exclusion partielle de marchés publics américains. Un engrenage dont nous avons déjà souligné les effets potentiels sur les marchés obligataires européens.
Une instabilité budgétaire accrue pour la France
Alors que la dette publique française dépasse les 112 % du PIB, toute tension géopolitique majeure est susceptible d’augmenter les primes de risque. Hausse des taux sur les obligations d’État, dégradation de la note souveraine, et pression accrue sur les finances publiques sont à prévoir.
Dans un contexte d’endettement généralisé, même une escalade verbale autour du Groenland pourrait provoquer une réaction de défiance des marchés vis-à-vis de l’euro. Une volatilité qui fragiliserait encore les marges de manœuvre économiques de Paris.
Marchés mondiaux : effet domino garanti
Le Groenland, bien qu’éloigné, agit ici comme catalyseur de tensions systémiques. Un affrontement ouvert sur sa souveraineté perturberait les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans les secteurs liés à l’extraction minière, à la défense ou aux semi-conducteurs.
À moyen terme, les investisseurs redirigeraient leurs actifs vers des zones perçues comme plus sûres. Résultat : fuite des capitaux, contraction des IDE en Europe et regain de force du dollar au détriment de l’euro. La stabilité commerciale et monétaire serait gravement affectée.
Ainsi, face à l’expansionnisme américain de Donald Trump, la tentation de la fermeté séduit une partie de l’opinion française. Mais cette posture a un coût. Chaque mesure diplomatique, chaque discours martial pourrait se traduire par des milliards d’euros d’impact sur l’économie française. La stratégie de l’Élysée devra donc conjuguer dissuasion et réalisme, pour contenir l’impérialisme trumpien sans sacrifier l’intérêt économique national.