Un test sanguin permettrait de détecter la maladie d’Alzheimer. Moins intrusif, plus rapide, potentiellement transformateur. Mais que révèle réellement cette nouvelle avancée venue des États-Unis ?
Ce test sanguin peut détecter la maladie d’Alzheimer aux Etats-Unis

Le 19 mai 2025, les autorités sanitaires américaines ont franchi une étape décisive dans la détection de la maladie d’Alzheimer. En validant l’utilisation d’un test sanguin développé par Fujirebio Diagnostics, la Food and Drug Administration (FDA) introduit une méthode de diagnostic plus accessible pour les patients. Cette innovation pose d’emblée la question de son intégration future en France, tant pour les professionnels de santé que pour les familles concernées.
Alzheimer : une autorisation américaine qui change la donne
Aux États-Unis, la FDA a récemment approuvé un test sanguin nommé Lumipulse G pTau217/ß-amyloïde 1-42 Plasma. Conçu par la société Fujirebio Diagnostics, ce dispositif mesure la concentration de deux biomarqueurs associés à la maladie : la bêta-amyloïde et la protéine tau phosphorylée 217. Leur déséquilibre dans le sang est corrélé à la présence de plaques amyloïdes caractéristiques de la pathologie.
Selon Santé Magazine, « une simple prise de sang suffit, ce qui rend le test plus accessible, en plus d’être bien moins invasif » que les méthodes classiques. Le test est destiné aux adultes de plus de 55 ans présentant des signes précoces de déclin cognitif. La FDA précise que ce dispositif ne doit pas être utilisé de manière isolée, mais interprété en complément d’un examen clinique approfondi.
D’après les essais cliniques évoqués par Handinova, le test présente une concordance de plus de 91 % avec les diagnostics établis par imagerie cérébrale ou analyse du liquide céphalorachidien. Ce niveau de précision ouvre des perspectives importantes pour une prise en charge plus rapide.
Test sanguin pour Alzheimer : comment ça fonctionne
Le principe repose sur le dosage dans le plasma de protéines cérébrales altérées, que sont la pTau217 et la bêta-amyloïde 1-42. Ces marqueurs sont habituellement identifiés par des examens lourds, tels que le PET scan ou la ponction lombaire. Le test sanguin propose une alternative moins invasive, tout en conservant une performance diagnostique jugée fiable.
Dans le communiqué officiel de la FDA (16 mai 2025), le Dr Martin A. Makary indique : « La maladie d’Alzheimer touche trop de personnes, plus que le cancer du sein et le cancer de la prostate réunis. [...] J’ai bon espoir que de nouveaux produits médicaux comme celui-ci aideront les patients ».
Toutefois, la FDA insiste sur la nécessité de croiser les résultats du test avec d’autres données cliniques : antécédents médicaux, tests cognitifs, âge, et autres signes évocateurs de démence. Il ne s’agit donc pas d’un outil de dépistage de masse, mais d’un appui pour le diagnostic dans des cas déjà suspectés.
Quelle place pour ce test dans le système de santé français ?
Actuellement, en France, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose essentiellement sur l’analyse du liquide céphalorachidien, l’imagerie cérébrale, et une batterie d’examens neuropsychologiques. Ces méthodes, bien que reconnues, restent complexes, invasives et peu accessibles à tous.
D’après Handinova, environ 1,4 million de personnes sont aujourd’hui concernées par cette pathologie en France. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2050. À ce jour, aucune autorisation d’utilisation du test sanguin n’a été délivrée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ni par la Haute Autorité de Santé (HAS). Une demande d’autorisation serait en cours d’évaluation au niveau européen.
Le neurologue Nicolas Villain, interrogé par Le Figaro, commente : « C’est une très bonne nouvelle, cela va significativement nous faciliter la tâche ».
Un outil prometteur mais encore encadré
Si le test suscite de nombreuses attentes, il doit encore faire ses preuves dans la pratique clinique quotidienne. Comme le précise la FDA, des résultats faussement positifs ou négatifs ne peuvent être écartés. Le test n’est autorisé qu’en milieu hospitalier aux États-Unis et s’adresse uniquement à des patients présentant des signes cliniques évocateurs. Il ne s’agit ni d’un outil de dépistage généralisé, ni d’un substitut à l’évaluation médicale classique.
En France, la question du remboursement, de la formation des personnels et de l’adaptation des protocoles se posera dès que l’autorisation sera effective. Ce nouveau test pourrait néanmoins marquer une avancée importante dans l’approche diagnostique de la maladie d’Alzheimer, à condition que son déploiement s’inscrive dans une stratégie globale et coordonnée.