OpenAI : croissance record mais pertes astronomiques en 2024

Un acteur majeur de l’intelligence artificielle revendique une avancée que peu auraient osé pronostiquer. Mais derrière l’annonce triomphale concernant le chiffre d’affaires OpenAi se dessinent des courbes de croissance qui interrogent, voire inquiètent. Que cache réellement ce bond spectaculaire ?

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 10 juin 2025 7h30
ChatGPT : pourquoi OpenAI restera finalement une société à but non lucratif?
OpenAI : croissance record mais pertes astronomiques en 2024 - © Economie Matin
125 MILLIARDS $OpenAI vise 125 milliards de chiffre d’affaires avant 2030

Le 9 juin 2025, OpenAI a déclaré avoir franchi le cap des 10 milliards de dollars de revenus annuels récurrents. Cette annonce, relayée notamment par TechCrunch et CNBC, marque une étape décisive pour l’entreprise fondée en 2015 et propulsée au premier plan mondial grâce à son produit phare, ChatGPT. Mais si la croissance est indéniable, elle soulève également des interrogations sur la soutenabilité du modèle économique adopté, la rentabilité réelle et les ambitions affichées à moyen terme.

ChatGPT au cœur de la dynamique : comment OpenAI a dopé ses revenus

Le moteur de cette flambée des recettes porte un nom désormais familier dans le lexique technologique mondial : ChatGPT. L’assistant conversationnel propulsé par les modèles GPT (Generative Pre-trained Transformer) constitue le cœur battant de l’écosystème commercial d’OpenAI.

Selon TechCrunch, les revenus sont issus à la fois de l’offre grand public (abonnements mensuels à ChatGPT), des formules professionnelles et de l’utilisation de l’API OpenAI par des entreprises tierces. L’outil est désormais intégré dans des environnements aussi divers que les plateformes e-commerce, les logiciels de RH ou les services juridiques. Résultat : plus de 500 millions d’utilisateurs actifs par semaine et 3 millions d’entreprises clientes payantes recensées en juin 2025, contre seulement 2 millions quatre mois plus tôt.

CNBC précise que ces revenus n’incluent pas les accords de licence, notamment celui passé avec Microsoft, qui exploite GPT dans ses suites logicielles comme Microsoft 365. Ce choix comptable souligne une volonté de distinguer la performance organique des activités directement monétisées par OpenAI.

OpenAI : Une croissance spectaculaire… et un gouffre financier

Les chiffres donnent le vertige. En juin 2024, le revenu annuel récurrent était estimé à 5,5 milliards de dollars. Douze mois plus tard, il a quasiment doublé. Ce rythme effréné correspond à une croissance de 82 % sur un an, un taux propre à faire pâlir les géants du secteur.

Mais cette progression cache une réalité plus complexe. L’entreprise reste massivement déficitaire. Toujours selon CNBC, OpenAI aurait perdu près de 5 milliards de dollars en 2024, notamment en raison de coûts d’infrastructure faramineux liés à l'entraînement des modèles, à l’hébergement cloud et à l’investissement dans les puces spécialisées.

Ce déficit n’effraie pourtant pas les investisseurs. En mars 2025, OpenAI a finalisé une levée de fonds de 40 milliards de dollars, présentée comme la plus importante jamais enregistrée pour une entreprise technologique non cotée. Parmi les contributeurs : Microsoft, Altimeter, Thrive Capital et SoftBank. L’objectif ? Financer l’expansion, absorber les pertes et construire un empire basé sur l’intelligence artificielle générative.

OpenAI vise 125 milliards de chiffre d’affaires avant 2030

OpenAI ne cache pas ses aspirations. Son PDG, Sam Altman, ambitionne de porter le chiffre d’affaires à 125 milliards de dollars d’ici 2029. Ce cap stratégique, relayé par TechCrunch, correspond à une multiplication par 12 du revenu actuel en seulement quatre ans. Une telle trajectoire suppose un élargissement considérable des usages commerciaux de l’IA générative, une adoption massive dans des secteurs clés (finance, santé, éducation) et surtout une résilience opérationnelle hors du commun. Mais cette ambition suscite un scepticisme croissant. Comment une structure aussi jeune, encore dépendante d’infrastructures externalisées, pourrait-elle maintenir une telle cadence ? Quelles marges de manœuvre face aux régulations imminentes sur les données ?

Le modèle économique d’OpenAI repose sur un équilibre précaire entre innovation technologique et consommation de capital. L’entreprise est valorisée près de 30 fois son chiffre d’affaires, selon CNBC – un ratio qui ferait sourire même les start-ups de la bulle Internet des années 2000.

L’hypercroissance repose donc, pour l’instant, sur la confiance des marchés financiers plus que sur une rentabilité avérée. OpenAI s’est imposée en tête de course dans l’IA générative, mais sa stabilité dépend encore largement de l’appétit de ses investisseurs. En cela, elle ressemble moins à une entreprise consolidée qu’à une expérience industrielle à haut risque.

L’ascension d’OpenAI en 2025 impressionne. Les 10 milliards de dollars de revenus récurrents marquent une étape historique dans l’économie de l’intelligence artificielle, mais ils ne garantissent ni la stabilité, ni la pérennité. Entre les annonces tonitruantes, les pertes abyssales et les promesses colossales, l’entreprise dirigée par Sam Altman illustre les paradoxes d’une industrie encore en construction.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «OpenAI : croissance record mais pertes astronomiques en 2024»

Leave a comment

* Required fields