Donald Trump a relancé la guerre des taxes douanières dans le monde. L’Union européenne a enfin décidé de prendre acte et annonce son plan de riposte. Bruxelles va donc taxer à son tour, via des droits de douane, certains produits américains. Et vous allez les payer plus cher.
Guerre des douanes : Bruxelles contre-attaque et taxe les produits américains
L’Union européenne (UE) n’a pas attendu longtemps pour dégainer sa réponse à la guerre des douanes. Le 8 mai 2025, la Commission européenne annonce une riposte douanière massive aux mesures de Donald Trump, dans un climat de tension commerciale ravivée. Motif : une série de surtaxes américaines qui frappent l’économie des Vingt-Sept de plein fouet. Les contre-mesures européennes, encore suspendues à des négociations incertaines, pourraient atteindre un total de 95 milliards d’euros.
La décision fait suite à un enchaînement d'annonces américaines, notamment celle d’un accord bilatéral entre Washington et Londres, signé le 8 mai 2025, qui isole politiquement l’UE. Pour Bruxelles, il s’agit d’un signal clair : les États-Unis de Trump sont prêts à fracturer les équilibres transatlantiques.
Guerre des taxes douanières : le 8 mai 2025, Bruxelles bascule en mode combat
La Commission européenne ne fait plus dans la demi-mesure. Avions Boeing, voitures américaines, batteries lithium, réfrigérateurs, électroménager, fruits, légumes, vins, bourbon, rien n’échappe à la vigilance tarifaire de Bruxelles. Plus étonnant encore : langues de bœuf, opium à usage médical, sapins de Noël, bâtons de baseball, ketchup ou encore cannes en aluminium figurent sur la liste des cibles potentielles. Selon BFMTV, cette liste – volontairement provocatrice – comprend « des produits emblématiques ou exotiques pour maximiser l’impact politique des taxes ». Le message est limpide : si Trump veut politiser la douane, l’UE le suivra sur ce terrain.
Le volume des marchandises visées représente près de 100 milliards d’euros d'importations américaines, selon Les Échos. Une évaluation confirmée par Le Parisien, qui ajoute que cette mesure pourrait frapper aussi les géants du numérique via des restrictions non tarifaires, comme le gel de l’accès aux marchés publics ou le blocage de licences.
Guerre douanière : pourquoi cette escalade entre l’Union européenne et les États-Unis ?
Depuis mars 2025, trois salves tarifaires américaines ont visé l’Europe :
- 25 % sur l’acier et l’aluminium, mi-mars ;
- 25 % sur les voitures européennes, début avril ;
- 20 % sur tous les autres produits européens, annoncés ensuite, mais suspendus jusqu’en juillet.
En parallèle, les États-Unis maintiennent des droits de douane de 10 % sur la majorité des produits européens. « Une violation flagrante des règles de l’OMC », affirme la Commission. D'où la décision, annoncée le 8 mai, de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour engager une procédure de règlement des différends.
Mais ne soyons pas dupes : Bruxelles connaît le sort réservé aux décisions de l’OMC sous l’ère Trump. Ursula von der Leyen garde donc une posture ambivalente : offensive dans les faits, mais diplomatique dans le ton. « Nous pensons qu’il est possible de conclure de bons accords au bénéfice des consommateurs et des entreprises des deux côtés de l’Atlantique. Dans le même temps, nous continuons à nous préparer à toutes les éventualités », a-t-elle déclaré, dans un communiqué publié le 8 mai 2025.
Douane : qui paie ces taxes et pourquoi cela concerne tout le monde
À la question éternelle : « Qui paie les droits de douane ? », la réponse est simple : le consommateur final. Une surtaxe appliquée à l’importation est répercutée sur les prix de vente. Si l’UE impose une taxe de 25 % sur le bourbon, ce n’est pas l’exportateur du Kentucky qui paiera, mais l’amateur français de whisky américain. Même logique pour les voitures, les micro-ondes ou les fruits.
Ainsi, la guerre commerciale n’est jamais qu’un conflit indirect financé par les ménages. À Bruxelles comme à Washington, on parie pourtant sur l’endurance de l’opinion publique. Mais combien de temps les consommateurs européens accepteront-ils de payer le prix de l’orgueil politique ?
Guerre douanière : l’UE sort de sa réserve et affûte ses outils
« Depuis le début, nous avons agi avec clarté, cohérence et un engagement ferme en faveur de la désescalade. Mais nous n’accepterons pas un résultat à n’importe quel prix », a averti le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, dans une déclaration publiée le 8 mai. Une phrase qui en dit long sur le changement de doctrine à Bruxelles.
L’UE envisage également des outils alternatifs : taxation des géants technologiques américains, gel des investissements étrangers, voire blocage d’autorisations de mise sur le marché. Selon un haut fonctionnaire européen cité anonymement dans Le Parisien, « on commence à réaliser que même si nous voulons des négociations, certains droits de douane américains risquent de perdurer ».
En somme, la Commission européenne anticipe un bras de fer long et structurel. Une évolution vers une confrontation permanente, qui rappelle les pires heures de la guerre commerciale de 2018.
Le retour à une économie de tension ?
Bruxelles, longtemps perçue comme prudente et lente, opère un revirement stratégique majeur. Sa riposte est calibrée, juridiquement fondée, politiquement assumée. Mais l’équilibre reste précaire. En l'absence de compromis d’ici juillet 2025, les surtaxes américaines suspendues pourraient entrer en vigueur, et les répliques européennes aussi.
À l’échelle globale, cela signifie le retour de la douane comme instrument central de la politique commerciale. Et un coût croissant pour les citoyens de part et d’autre de l’Atlantique. L’OMC saura-t-elle encore servir d’arbitre et réussira-t-elle à calmer les tensions ?