La marque Perrier traverse une période délicate. L’annonce d’un vaste plan d’inspections dans toutes les usines d’eaux minérales en France intervient dans un contexte de surveillance renforcée. Certaines installations, dont celle de Vergèze, pourraient en subir les conséquences.
Perrier : l’État ordonne des inspections, le site de Vergèze en danger

Le 25 mai 2025, une circulaire du ministère de la Santé a annoncé une série d’inspections sur l’ensemble des sites français de conditionnement d’eau minérale naturelle et de source. Cette initiative, qui vise à garantir le respect des normes sanitaires, concerne notamment le site Perrier de Vergèze, dans le Gard, où des contaminations bactériennes ont été relevées. Ce plan de contrôle s’inscrit dans le cadre d’un scandale plus large touchant les eaux en bouteille, dans lequel plusieurs marques du groupe Nestlé sont citées.
Inspections sanitaires : l'État déclenche une opération nationale
Selon les éléments relayés par Sud Ouest, une circulaire du ministère de la Santé, transmise aux agences régionales de santé (ARS), prévoit que chaque site de conditionnement d’eau fasse l’objet d’au moins une inspection d’ici à 2026. Les contrôles, qui doivent être menés conjointement par les ARS et les préfectures, s’inscrivent dans la continuité d’un rapport sénatorial publié le 19 mai. Ce rapport fait état de plusieurs manquements aux réglementations sanitaires dans les usines du groupe Nestlé Waters France, qui commercialise notamment les marques Hépar, Vittel, Contrex et Perrier.
En cas de non-conformité, la circulaire précise que les ressources concernées perdront leur qualification d’« eau minérale naturelle » et pourront faire l’objet de sanctions administratives, pouvant aller jusqu’à une suspension d’activité ou une fermeture temporaire de l’installation, conformément au code de la santé publique.
Le site de Vergèze dans le viseur des autorités sanitaires
Si la circulaire ne cite pas explicitement la marque Perrier, plusieurs éléments laissent peu de doutes sur les sites visés. Des analyses ont révélé la présence de bactéries telles que E. coli, coliformes, entérocoques et Pseudomonas aeruginosa dans les forages utilisés par l’usine de Vergèze. La préfecture du Gard a, à ce titre, exigé récemment la destruction de 300 000 bouteilles contaminées par des entérocoques pathogènes.
D’autres substances telles que Salmonella, Shigella ou Klebsiella ont également été identifiées. Comme le rappelle l’Institut Pasteur, ces bactéries peuvent avoir des effets graves sur la santé humaine. C’est dans ce contexte que les inspections prévues pourraient, en cas de confirmation d’irrégularités, entraîner l’arrêt temporaire du site.
Réactions syndicales et politiques : une demande de transparence accrue
Le syndicat FO, qui représente une partie des salariés de l’usine Perrier à Vergèze, a fait part de son inquiétude. Selon son représentant Mathieu Sapède, la direction n’a transmis « aucune information » au personnel concernant l’éventualité d’une fermeture, comme l’a rapporté Midi Libre. Ce manque de communication a conduit le syndicat à demander davantage de clarté sur la situation réelle du site.
Sur le plan politique, le sénateur du Gard Laurent Burgoa, rapporteur de la commission parlementaire chargée de faire la lumière sur le dossier, a appelé Nestlé et les autorités à faire preuve de plus de transparence. Il a annoncé son intention de se rendre sur place avec son collègue Alexandre Ouizille pour rencontrer les élus locaux et les salariés.
L’UNSA Santé, syndicat des personnels des ARS, a de son côté demandé la démission de Didier Jaffre, directeur général de l’ARS Occitanie, estimant qu’il porte une part de responsabilité dans ce qu’il qualifie de « scandale sanitaire impliquant Nestlé Waters ».
Des pratiques contestées : filtres interdits et délais d’inspection
La circulaire rappelle également l’interdiction d’utiliser des systèmes de microfiltration à seuils inférieurs à 0,8 micron, une technologie que Nestlé continuerait pourtant à employer selon les documents parlementaires. Ces dispositifs, considérés comme conférant un pouvoir désinfectant à l’eau, sont prohibés pour les eaux minérales censées conserver leur pureté d’origine.
Enfin, plusieurs voix soulignent la lenteur des contrôles : l’usine de Vergèze n’aurait été inspectée pour la première fois qu’en novembre 2022, soit plus d’un an après les premiers signalements internes du groupe Nestlé adressés au ministère de l’Industrie.