Rénovation énergétique : que faire sans MaPrimeRénov’ cet été ?

Les aides à la rénovation énergétique ne cessent d’évoluer. Une page se tourne, une autre s’ouvre : mais avec quel contenu ? Et surtout, pour qui ?

By Alix de Bonnières Published on 8 juin 2025 15h00
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Rénovation énergétique : que faire sans MaPrimeRénov’ cet été ? - © Economie Matin
20 000Le montant de MaPrimeRénov' pouvait aller jusqu’à 20 000 euros pour les foyers les plus modestes (profil bleu)..

Depuis l’annonce du 4 juin 2025 par le ministère du Logement, la réforme de MaPrimeRénov’ s’impose au cœur des préoccupations des propriétaires. Dans un contexte où la rénovation énergétique devient un impératif environnemental et économique, la suspension temporaire de ce dispositif phare entraîne une course contre la montre pour trouver des alternatives viables. Décryptage d’un paysage d’aides en pleine recomposition.

Rénover sans MaPrimeRénov’ : une urgence énergétique en plein chantier

Pourquoi cette mise à l’arrêt estivale ? « Sa mise en œuvre impliquera la fermeture temporaire, cet été, des dépôts des dossiers pour la rénovation globale individuelle et pour les travaux individuels d’isolation ou de changement de système de chauffage », a précisé le ministère du Logement dans un communiqué publié le 4 juin 2025. Objectif officiel : « lutter contre la fraude aux aides publiques », mais aussi gérer un afflux inédit de demandes.

Le nombre de rénovations d’ampleur financées par MaPrimeRénov’ aurait en effet triplé au premier trimestre 2025 selon des information de Capital. Un succès qui étouffe son propre mécanisme, à tel point que les délais de traitement ont explosé. En clair : un embouteillage administratif doublé d’un trou budgétaire. La ministre Valérie Létard espère que la loi Cazenave, en cours d’examen par le Conseil constitutionnel, permettra une reprise assainie des dépôts « d’ici la fin du mois de septembre 2025 ».

Éco-prêt à taux zéro, CEE, aides locales : la résilience du millefeuille

Alors que MaPrimeRénov’ suspend une partie de ses fonctions, d'autres aides pour la rénovation énergétique prennent le relais. Premier substitut souvent évoqué : l’éco-prêt à taux zéro (Éco-PTZ). Accessible sans condition de revenus, il peut couvrir jusqu’à 50 000 euros de travaux sans intérêts. Avantage décisif : il est versé avant les travaux, permettant de les engager rapidement, même sans trésorerie immédiate, comme l'explique RTL dans son article du 5 juin 2025.

Deuxième levier : les certificats d’économie d’énergie (CEE). Ces subventions, proposées par des fournisseurs d’énergie, s’appliquent aussi bien aux résidences principales qu’aux secondaires. Moins visibles que MaPrimeRénov’, elles n’en sont pas moins substantielles pour des gestes ciblés comme l’isolation ou le chauffage.

Enfin, les aides locales pour la rénovation énergétique – régionales ou départementales – viennent compléter le puzzle. Leur montant et leur mode d’attribution varient fortement, mais elles peuvent être cumulées avec les aides nationales. Encore faut-il les connaître. À ce jour, aucune plateforme unique ne centralise ces dispositifs, obligeant les ménages à une enquête quasi-policière sur les sites des collectivités.

TVA réduite, prêts différés, exonérations : un arsenal discret mais efficace

Au-delà des aides directes, plusieurs dispositifs fiscaux ou bancaires continuent de soutenir la rénovation énergétique. La TVA à taux réduit à 5,5 % s’applique à la majorité des travaux de rénovation énergétique. Peu visible sur les devis, elle représente pourtant un levier budgétaire immédiat.

Autre option : le prêt avance rénovation (PAR+), proposé par certaines banques, remboursable lors de la vente du bien ou à sa succession. Il cible les ménages modestes exclus du crédit bancaire classique. Sur le terrain, son succès reste encore timide, faute d’une offre bancaire suffisamment étendue.

Enfin, certaines communes offrent des exonérations temporaires de taxe foncière pour les logements ayant fait l’objet d’une rénovation énergétique performante. Un soulagement fiscal parfois méconnu, qui pourrait devenir stratégique face à la montée des taxes locales.

Les pièges du court-circuit : attention aux faux substituts

Malgré ces dispositifs d'aide à la rénovation énergétique, la fin temporaire de MaPrimeRénov’ ne saurait être comblée à l’identique. Comme l’indiquait Expertise Rénovation à RTL : « ces alternatives ne compensent généralement pas l’absence de MaPrimeRénov’, particulièrement pour les ménages aux revenus modestes ». Les parcours d’aide restent fragmentés, les démarches techniques, et l’effet levier moins puissant.

Quant aux démarches numériques, elles n’ont rien d’un long fleuve tranquille : multiplicité des portails, justificatifs intrusifs, opérateurs mal formés... La simplification annoncée se fait attendre.

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