Retards de paiement : un frein pour les entreprises françaises

En France, les retards de paiement entre entreprises sont devenus un fléau qui pénalise
particulièrement les petites structures. Le médiateur des entreprises tire la sonnette d’alarme sur
l’impact de ce phénomène, qui connaît une hausse inquiétante depuis la crise sanitaire. Ces chiffres
alarmants révèlent ses conséquences mortifères sur la santé financière des PME, en particulier dans
des secteurs comme la construction, l’automobile et la défense. Mais derrière les délais de paiement
se cachent aussi des tensions plus profondes, qu’il est urgent de résoudre.

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By Rédacteur Published on 25 mai 2025 8h00
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Retards de paiement : un frein pour les entreprises françaises - © Economie Matin
50 %Moins de 50 % des entreprises françaises respectent les délais de paiement (Altares).

L'ampleur du problème : des retards de plus en plus fréquents

Les retards de paiement sont au cœur des préoccupations économiques des organisations françaises. D'après les chiffres du médiateur des entreprises, ces délais représentent désormais 40% des saisines qui lui sont adressées. « Un jour de retard, c’est un milliard d'euros dans la mauvaise caisse », souligne  Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises. « Ce milliard reste chez les grandes entreprises, au lieu de circuler chez les PME qui en ont cruellement besoin. »

Selon une étude menée par le cabinet Altares, moins de 50 % des entreprises françaises respectent les délais de paiement. À titre d'exemple, une PME peut attendre jusqu’à deux mois et demi pour être réglée. Avant la pandémie, le retard moyen était d’environ dix jours. En 2024, il atteint plus de 14 jours. Cet écart peut paraître anodin, mais il impact lourdement les petites structures et fragilise de manière significative leurs trésoreries.

La Banque de France souligne en effet que « 25% des défaillances d’entreprises sont dues à des impayés », une proportion alarmante qui affecte particulièrement les petites entreprises n’ayant pas les ressources nécessaires pour compenser ces défauts de paiement.

Les petites entreprises en première ligne

Or, les PME et TPE sont de loin les plus touchées : en 2024, 73% des saisines adressées au médiateur des entreprises pour retard de paiement provenaient d’organisations de moins de 25 salariés, dont un tiers émanait d’entrepreneurs individuels. Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces entreprises manquent de moyens pour se défendre. « Les petites structures n'ont pas toujours la capacité de mobiliser des services juridiques efficaces pour relancer les paiements en retard », pointe Pierre Pelouzet.

Les secteurs des services, de l’industrie, et plus encore du BTP, souffrent tout particulièrement de cette situation. En 2024, la construction représentait à elle seule 20 % des médiations pour retard de paiement, un chiffre en forte augmentation depuis 2019. Pour le BTP dans son ensemble, le nombre de médiation a doublé en quatre ans. Le secteur a en effet subi de pleins fouets les conséquences de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine, et de la flambée des prix des matières premières.

L’inflation et l’incertitude économique ne font qu’aggraver la situation, laissant de nombreuses petites entreprises se débattre avec des créances impayées.

La défense et les secteurs stratégiques : un enjeu crucial

Les retards de paiement ne se limitent toutefois pas aux entreprises privées, il touche également les organisations publiques : certains secteurs stratégiques, comme la défense, souffrent tout particulièrement. Dans un contexte où le pays se prépare à une « économie de guerre », avec des prévisions de commandes militaires qui pourraient « doubler ou tripler », il sera crucial de sécuriser les flux financiers entre les donneurs d’ordre et leurs fournisseurs. La Base Industrielle et Technologique de Défense Française (BITD), regroupant des géants comme Dassault ou Airbus, emploie des milliers de PME sous-traitantes, qui risquent de se retrouver à court de liquidités si les mauvais délais de paiement persistent.

Le ministère des Armées a d’ores et déjà annoncé qu'il sera « particulièrement exigeant » sur ce point. « Il va y avoir beaucoup d'investissements. Cela va demander de la trésorerie », rappelle Pierre Pelouzet, qui a d’ailleurs été mandaté pour travailler sur la sécurisation des paiements dans le secteur de la défense. Assurer que les petites entreprises y reçoivent leurs paiements à temps est essentiel pour maintenir la chaîne d'approvisionnement intacte et éviter toute rupture.

Ainsi, le médiateur des entreprises plaide pour une réforme en profondeur des pratiques de paiement, et pour une prise de conscience collective, tant dans le secteur public que privé. Au point de légiférer sur le sujet ? Affaire à suivre…

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