La Cour des comptes ne tourne pas autour du pot : la Sécu pourrait bien se retrouver en panne sèche. Et cette fois, il ne s’agit pas d’une question de volonté, mais de capacité à emprunter. On parle ici de la base du modèle social français.
Alerte ! La Sécu pourrait ne plus payer ses assurés dès 2027
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Published on 26 mai 2025 16h00
89 MILLIARDS €L’agence de trésorerie de la Sécu doit maintenant emprunter à court terme. Et là, ça coince. D’ici à 2027, elle aura besoin de 89 milliards d’euros. Quatre fois plus qu’en 2024.
Un virement qui n’arrive pas. Un remboursement qui traîne. Une carte Vitale inutile.
Non, ce n’est pas de la science-fiction. C’est un scénario que la Cour des comptes juge plausible dès 2027. Et si la Sécurité sociale n’avait plus un centime en caisse dans deux ans ?
La sécurité sociale : une mécanique qui cale ?
Jusqu’ici, la dette de la Sécurité sociale était gérée par un organisme spécialisé : la Cades. Elle empruntait à moyen ou long terme dans des conditions plutôt favorables. Mais depuis 2024, elle a atteint sa limite. Plus rien ne passe. La seule solution serait de modifier la loi. Pas gagné, vu l’ambiance politique actuelle.
Du coup, c’est l’Acoss qui s’y colle. L’agence de trésorerie de la Sécu doit maintenant emprunter à court terme. Et là, ça coince. D’ici à 2027, elle aura besoin de 89 milliards d’euros. Quatre fois plus qu’en 2024. « La taille du marché des capitaux à court terme […] pourrait ne pas être suffisante pour absorber le montant d'emprunt dont elle aura besoin », alerte la Cour dans son rapport du 26 mai 2025.
Des dépenses qui explosent
Les chiffres sont sans appel : 15,3 milliards d’euros de déficit en 2024. Et déjà 22,1 milliards prévus pour 2025. En cause ? La branche maladie. À elle seule, elle représente 90 % du trou. Et les dépenses filent.
Indemnités journalières : +8 %. Honoraires des kinés : +5,2 %. Infirmiers : +4,9 %. Médecins spécialistes : +4,6 %. Même les hôpitaux publics s’enfoncent, avec un déficit estimé entre 2,8 et 3 milliards d’euros. Et ce malgré un retour à l’activité normale.
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, ne mâche pas ses mots : « Nous avons perdu le contrôle de nos finances publiques en 2023 et 2024. La dette fragilise le modèle social, il faut arrêter de prendre ces sujets comme si c'était des questions annexes. »
Des milliards envolés dans les indus
Autre souci majeur : les indus. Ce sont les prestations versées à tort. La Cour estime le total à 18,9 milliards d’euros. Fraudes, erreurs, oublis… Peu importe la cause, l’argent part et ne revient pas.
Le rapport propose des solutions : mieux encadrer le recours à l’intérim dans les hôpitaux, durcir les conditions du cumul emploi-retraite, et même distribuer les vieux stocks de masques avant qu’ils ne soient périmés. Des mesures logiques, mais pas suffisantes pour éviter la panne sèche.