Confrontée à un réseau vieillissant, la SNCF tire la sonnette d’alarme : le ferroviaire français est menacé de « décrochage ».
Trains : la SNCF sonne l’alerte sur l’état du réseau ferroviaire français

Le 14 mai 2025, Les Échos ont révélé le contenu d’un document interne transmis par la SNCF à une cinquantaine d’experts et d’élus. Le constat est sans détour : faute de moyens supplémentaires, le réseau ferroviaire français risque de décrocher durablement, avec des conséquences majeures sur la qualité du service. Cette alerte officielle intervient alors que se déroule la conférence nationale « Ambition France Transports », lancée le 5 mai à Marseille par le gouvernement. Si cette concertation doit déboucher sur des propositions en juillet, la SNCF, elle, a choisi de ne pas attendre.
Une dégradation déjà bien en marche
La SNCF n’y va pas par quatre chemins : le réseau est trop vieux, trop sollicité et insuffisamment rénové. Et ce n’est plus une hypothèse : le risque de « décrochage » est désormais imminent. Selon la compagnie ferroviaire française, pas moins de 4 000 kilomètres de lignes pourraient voir leur qualité de service se dégrader dès 2028, perturbant 2 000 trains chaque jour dans presque toutes les régions, rapporte Les Échos. Pis, si aucun financement supplémentaire n’est trouvé, ce risque pourrait s’étendre à 10 000 kilomètres de lignes au cours des dix prochaines années.
Des chiffres vertigineux, qui reposent sur un constat technique : les rails ont en moyenne 30 ans, et les caténaires 40 ans. Or, ces éléments supportent chaque jour des centaines de trains. En clair : on roule sur un réseau fatigué, et les conséquences sont déjà visibles en termes de régularité.
Une conférence pour trouver 1 milliard d'euros par an
La conférence « Ambition France Transports », lancée le 5 mai 2025 à Marseille, est censée répondre à ces alertes. Organisée par l’État et présidée par Dominique Bussereau, ex-ministre des Transports, elle réunit plus de 50 acteurs publics et privés. Leur mission : bâtir un modèle économique crédible pour financer les transports jusqu’en 2040.
En ce sens, l’État s’est engagé à porter les investissements ferroviaires à 4,5 milliards d’euros par an, contre 3 milliards précédemment. Mais pour la SNCF, cet effort reste insuffisant. Dans un document interne cité par Les Échos, la compagnie affirme que ce montant constitue « un minimum, pas un optimum ». Elle réclame ainsi 1 milliard d’euros supplémentaires par an à partir de 2028. Et elle avertit : sans hausse des financements, « le réseau français deviendra un réseau de second rang ».
Un autofinancement de 500 millions d'euros supplémentaires par an
En attendant une décision politique, la SNCF met la main à la poche. La compagnie ferroviaire s’est engagée à autofinancer 500 millions d’euros supplémentaires par an entre 2024 et 2027, en plus de ses investissements habituels dans le réseau. Si le prix de vos billets de train a augmenté, c’est en grande partie pour cette raison. Cette contribution financière repose principalement sur les recettes des TGV, mais aussi sur les dividendes versés par ses filiales, comme Geodis ou Keolis.
Mais l’entreprise prévient : cet effort ne pourra pas durer indéfiniment. « Plus le fonds de concours est élevé, et plus vite il arrive un moment où le groupe risque de se réendetter », avertit-elle dans les colonnes de Les Échos.
Quelles pistes la SNCF propose-t-elle ?
Pour éviter la catastrophe, la SNCF met plusieurs propositions de financement sur la table :
- La renégociation des concessions autoroutières, prévue à partir de 2032, pourrait intégrer un financement obligatoire du rail, notamment en faisant davantage contribuer les poids lourds. Une application plus ambitieuse de la directive européenne Eurovignette permettrait, selon elle, de dégager « a minima 1 milliard d’euros » (Les Échos.
- Autre piste avancée : le système européen d’échange de quotas carbone, que la SNCF propose d’élargir à de nouveaux secteurs après 2027, notamment le bâtiment et le transport routier. La France pourrait en tirer jusqu’à 5 milliards d’euros par an, dont une partie serait fléchée vers les infrastructures ferroviaires. La SNCF rappelle que la France bénéficierait ainsi d’une clé de répartition de 16,1 %, ce qui la placerai au deuxième rang européen, juste derrière l’Allemagne.
- Enfin, la compagnie suggère une réforme du dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE), aujourd’hui principalement orienté vers la rénovation des bâtiments. Concrètement, la SNCF plaide pour que ce mécanisme, qui ne pèse pas sur le budget de l’État, puisse également contribuer au financement du rail.